samedi 28 août 2010

129 - Un dossier "explosif " !

Calme plat sur le plan politique à Montigny-le-Tilleul pendant ces deux mois d'été. A peine un bref conseil communal pour décider des suites de l'affaire "Fluxys". Pour le reste peu d'informations à se mettre sous la dent. Il y avait pourtant une échéance importante à l'Académie ...

Concernant le dossier Fluxys, le ministre Henry a finalement décidé d'octroyer un permis d'urbanisme conditionnel pour une nouvelle installation de transport de gaz haute pression. Les conduites traversent le territoire de la commune à proximité des Carrières de Landelies. Nous avons régulièrement souligné les risques potentiels de ce tracé vu les tirs de mines fréquents.

Le 23 juin 2010 la locale Ecolo de Montigny invitait le Ministre Henry. J'ai fait écho à cette soirée en soulignant la qualité d'écoute du Ministre. Les participants avaient le sentiment que le Ministre avait bien compris la situation et repartaient avec la conviction qu'il n'allait pas octroyer le fameux permis.

Faux ! Le 5 juillet, à peine deux semaines plus tard, le Ministre décidait de délivrer "une autorisation assortie de conditions techniques strictes de sécurité, de contrôle et de suivi. Ainsi, par exemple, la coexistence de la canalisation et de la carrière sera suivie par des dispositifs de contrôles (mesures de vibrations et de stabilité) et un comité d’accompagnement.

La conduite sera également enterrée à une profondeur d’un mètre 10 au lieu de 80 cm dès que les terrains présenteront une pente importante et sera couverte par un filet de protection destiné à signaler sa présence en cas de travaux et d’une fibre optique permettant de détecter immédiatement, par sa rupture, toute intrusion physique à proximité.


Des « vibraphones » permettront, dans certaines zones, de signaler toute vibration anormale et un dispositif de purge rapide de la conduite sera mis en place pour répondre efficacement à la moindre alerte."

Le Collège communal ne l'entend pourtant pas de cette oreille et met en avant un rapport du service régional d'incendie de Charleroi qui émet un certain nombre de réserves. Le Conseil a dès lors décidé de déposer à l'encontre de la décision ministérielle une "requête en suspension et annulation" devant le Conseil d'État. Voilà ce qu'on peut dire aujourd'hui à propos de ce dossier "explosif ".

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Par contre d'autres dossiers restent en rade. Je pense notamment à la désignation d'un nouveau directeur pour notre Académie.

Lors du Conseil communal du 17 juin (il y a bientôt 2 mois 1/2 !) la bourgmestre annonçait "Urbi et orbi " une nouveauté : cette désignation se ferait en présence d'un représentant de chaque groupe politique. Effort louable de transparence, ... à condition (lui dis-je) que cette procédure soit appliquée pour chaque désignation importante.

Je m'attendais donc fort logiquement à une réunion vers la mi-juillet, ou la mi-août au plus tard !

A deux jours de la rentrée scolaire la désignation officielle d'une nouvelle direction n'est pas faite. La date de l'audition des candidats n'est même pas fixée.

Signe évident du peu d'intérêt de la Bourgmestre pour l'Académie, ses profs et ses élèves.

Rappelez-vous : en juin 2008 c'était une question en lien avec l'Académie qui a été l'élément déclencheur de ma démission de la majorité communale ! Rien de nouveau sous le soleil ...


dimanche 15 août 2010

128 - La Belgique sur les traces de l'Europe ?

Au moment où se prépare une nouvelle réforme de l'État belge, certains s'étonnent de la durée des négociations. D'autres parlent de tâche titanesque, d'abîme, ... et mettent en doute la possibilité de trouver un "juste" compromis. Dans "Le dérèglement du monde" Amin Maalouf cite la construction européenne comme exemple et source d'espoir.

Né à Beyrouth en 1949, ce journaliste-écrivain propose dans son dernier livre une analyse de "L'état du monde". Malgré d'évidents "dérèglements", son diagnostic inquiétant débouche sur une note d'espoir : la crise actuelle pourrait nous amener à élaborer une vision enfin adulte de nos différences et du destin de la planète qui nous est commune.

Plusieurs extraits du livre collent parfaitement avec la situation que nous vivons actuellement en Belgique.

  • "Ma conviction, à ce jour, c'est que les voies de solution rétrécissent, indiscutablement, mais qu'elles ne sont pas encore bouchées. Ce n'est donc pas le désespoir qu'il faut prêcher, mais l'urgence."

  • "Ce débat sur la coexistence ne nous quittera plus... Il ne faut pas s'attendre à ce que les tensions (entre populations différentes) s'émoussent par le simple effet du temps qui s'écoule. Surmonter ses préjugés et ses détestations n'est pas inscrit dans la nature humaine. Accepter l'autre n'est ni plus ni moins naturel que de la rejeter. Réconcilier, réunir, adopter, apprivoiser, pacifier, sont des gestes volontaires, des gestes de civilisation, qui exigent lucidité et persévérance ; des gestes qui s'acquièrent, qui s'enseignent, qui se cultivent. Apprendre aux hommes à vivre ensemble est une longue bataille qui n'est jamais complètement gagnée."

  • "Cette fois il ne s'agit pas seulement de relancer l'économie et de remettre à l'honneur certaines préoccupations sociales.Il s'agit de bâtir une nouvelle réalité globale, de nouveaux rapports..., un nouveau mode de fonctionnement..."

Étonnant de lire cette analyse "mondiale" à la lumière de notre réalité belge !

La construction européenne, dont la Belgique a été dès le début un acteur essentiel, est une expérience qui représente pour l'auteur une ébauche de " la fin de la Préhistoire".

  • "Mettre peu à peu derrière soi les haines accumulées, les querelles territoriales, les rivalités séculaires ; laisser les fils et les filles de ceux qui s'étaient entretués se tenir par la main et concevoir l'avenir ensemble ; se préoccuper d'organiser une vie commune, pour six nations, puis pour neuf, douze ou quinze, puis pour une trentaine ; transcender la diversité la diversité des cultures sans jamais l'abolir, pour que naisse un jour, à partir des nombreuses patries ethniques, une patrie éthique."

Ce paragraphe me parle d'autant plus après la visite cet été du mémorial de Caen, des plages du débarquement, des cimetières militaires américain et allemand...

L'enjeu de ce qui se négocie à Bruxelles, capitale de l'Europe, est essentiel. Il faut sortir de l'impasse par le haut et faire la preuve que l'union peut faire la force, dans le respect des différences.




samedi 7 août 2010

127 - Le dérèglement du monde ...

L'actualité politique est "en veilleuse" à Montigny-le-Tilleul. J'en profite pour partager trois extraits du livre "Le dérèglement du monde" d'Amin Maalouf. Analyse pertinente des évolutions mondiales ! Qui s'applique aussi à notre petite Belgique ...

  • Du respect de la diversité humaine

"Pour toute société, et pour l'humanité dans son ensemble, le sort des minorités n'est pas un dossier parmi d'autres ; il est, avec le sort de femmes, l'un des révélateurs les plus sûrs de l'avancement moral, ou de la régression.

Un monde où l'on respecte chaque jour un peu mieux la diversité humaine, où toute personne peut s'exprimer dans la langue de son choix, professer paisiblement sas croyances et assumer sereinement ses origines sans encourir l'hostilité ni le dénigrement, que ce soit de la part des autorités ou de la population, c'est un monde qui avance, qui progresse, qui s'élève."

A l'inverse, lorsque prévalent les crispations identitaires comme c'est aujourd'hui le cas dans la majorité des pays, au nord de la planète comme au sud, lorsqu'il devient chaque jour un peu plus difficile d'être sereinement soi-même, de pratiquer librement sa langue ou sa foi, comment ne pas parler de régression ? " p 69

  • Du rapport entre évolution morale et matérielle

"Ce qui est en cause, c'est le fossé qui se creuse entre notre rapide évolution matérielle, qui chaque jour nous désenclave davantage, et notre trop lente évolution morale, qui ne nous permet pas de faire face aux conséquences tragiques du désenclavement.

Bien entendu, l'évolution matérielle ne peut ni ne doit être ralentie. C'est notre évolution morale qui doit s'accélérer considérablement, c'est elle qui doit s'élever, d'urgence, au niveau de notre évolution technologique, ce qui exige une véritable révolution dans les comportements." p 81

  • Propagande et intentions cachées

"Quels que soient les objectifs d'une opération militaire, on préfère dire qu'on l'a menée pour la justice, pour le progrès, pour la civilisation, pour Dieu et ses prophètes, pour la veuve et l'orphelin, et aussi, bien, entendu, pour la légitime défense et par amour de la paix.

Aucun dirigeant n'a intérêt à laisser dire que ses motivations réelles sont la vengeance, l'avidité, le fanatisme, l'intolérance, la volonté de domination ou le désir d'imposer silence à ses opposants.

C'est le rôle des propagandistes de dissimiler les desseins réels sous les déguisements les plus nobles, et c'est le rôle des citoyens libres de scruter les actes pour dépouiller les mensonges de leur accoutrement." p 59


Bon mois d'août. A bientôt.


mardi 3 août 2010

126 - Quand le sport questionne le politique

Les bons résultats de nos athlètes aux récents championnats d'Europe ont mis le phare sur la politique sportive en Belgique. L'entretien avec Jacques Borlée dans l'émission Matin Première de la RTBF de ce 3 août ne manque pas de pertinence. Lui aussi veut qu'on mène "La politique autrement".

Ancien athlète de haut niveau, sélectionné olympique à Moscou en 1980 et multiple champion de Belgique en 100, 200 et 400 m, Jacques Borlée est devenu ces dernières années une figure incontournable du sport francophone en Belgique, grâce aux succès de ses trois enfants qu'il entraîne.

Au-delà des considérations sportives, l'entretien qu'il accorde ce matin à la RTBF est très intéressant parce qu'il met largement en évidence de besoin d'une autre approche de la politique.

Voici, dans le désordre, quelques idées glanées au cours de l'interview :

  • On ne donne pas assez de considération au sport. Il faut "montrer aux jeunes que le sport est important, ainsi qu'à Monsieur et Madame tout le monde".
  • Il importe de mettre en place des "institutions fortes" pour combattre les dérives du sport comme le dopage et le racisme."On ne peut pas continuer à faire du sport de haut niveau en ayant comme but la triche" !
  • "Il est plus que temps qu'au niveau du sport nous ayons une vision à long terme. "La politique sportive doit être dans une vision qui permette un développement harmonieux, de plus jeune au plus vieux"
  • Il se dit d'ailleurs en faveur d'une refédéralisation du sport de haut niveau. "Il faut apprendre à vivre entre Flamands et francophones car aller vers l'autre culture, c'est d'une très très grande richesse".
  • Il parle d'un "Centre européen" où l'humain serait au centre des préoccupations.
  • Le sport qui favorise l'intégration, le courage, la volonté et l'excellence, et dont les bienfaits ne sont plus à démontrer, n'a pas la place qu'il mérite dans notre société. Tout commence par l'école où le sport est malade. Il plaide pour plus de sport à l'école, 4h au minimum par semaine.
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J'approuve ces considérations qui définissent le sport comme pilier de l'épanouissement humain, support éducatif et vecteur d'un vivre ensemble de qualité. A titre personnel je dirais la même chose de la pratique artistique (musique, théâtre, danse, ...)

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En quoi ces propos plaident-ils pour "La politique autrement" ?

  • Au moment où les discussions pour la mise en place du gouvernement fédéral évoquent un éparpillement des compétences au profit des régions, l'athlète plaide pour une approche fédérale du sport de haut niveau. Et même pour une dimension européenne !
  • Alors que des extrémismes de part et d'autre de la frontière linguistique diabolisent l'autre communauté, Jacques Borlée met en évidence la "très grande richesse" de la culture de l'autre.
  • Sans langue de bois il dénonce la tricherie et la fraude dans le monde sportif et plaide pour le retour des valeurs et de l'éthique.
  • Il préconise le développement de visions politiques à long terme. Or, notre système politique l'empêche par la répétition quasi annuelle d'élections (fédérales, régionales, communales, européennes). Ce qui favorise le "court terme" !
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Autant de motifs de réflexion et d'action différente pour une autre culture politique nationale et ... communale! Nous en reparlerons. A bientôt.


Pour découvrir l'entretien --> http://www.rtbf.be/info/belgique/sport/jacques-borlee-il-faut-donner-une-consideration-au-sport-242254