dimanche 15 août 2010

128 - La Belgique sur les traces de l'Europe ?

Au moment où se prépare une nouvelle réforme de l'État belge, certains s'étonnent de la durée des négociations. D'autres parlent de tâche titanesque, d'abîme, ... et mettent en doute la possibilité de trouver un "juste" compromis. Dans "Le dérèglement du monde" Amin Maalouf cite la construction européenne comme exemple et source d'espoir.

Né à Beyrouth en 1949, ce journaliste-écrivain propose dans son dernier livre une analyse de "L'état du monde". Malgré d'évidents "dérèglements", son diagnostic inquiétant débouche sur une note d'espoir : la crise actuelle pourrait nous amener à élaborer une vision enfin adulte de nos différences et du destin de la planète qui nous est commune.

Plusieurs extraits du livre collent parfaitement avec la situation que nous vivons actuellement en Belgique.

  • "Ma conviction, à ce jour, c'est que les voies de solution rétrécissent, indiscutablement, mais qu'elles ne sont pas encore bouchées. Ce n'est donc pas le désespoir qu'il faut prêcher, mais l'urgence."

  • "Ce débat sur la coexistence ne nous quittera plus... Il ne faut pas s'attendre à ce que les tensions (entre populations différentes) s'émoussent par le simple effet du temps qui s'écoule. Surmonter ses préjugés et ses détestations n'est pas inscrit dans la nature humaine. Accepter l'autre n'est ni plus ni moins naturel que de la rejeter. Réconcilier, réunir, adopter, apprivoiser, pacifier, sont des gestes volontaires, des gestes de civilisation, qui exigent lucidité et persévérance ; des gestes qui s'acquièrent, qui s'enseignent, qui se cultivent. Apprendre aux hommes à vivre ensemble est une longue bataille qui n'est jamais complètement gagnée."

  • "Cette fois il ne s'agit pas seulement de relancer l'économie et de remettre à l'honneur certaines préoccupations sociales.Il s'agit de bâtir une nouvelle réalité globale, de nouveaux rapports..., un nouveau mode de fonctionnement..."

Étonnant de lire cette analyse "mondiale" à la lumière de notre réalité belge !

La construction européenne, dont la Belgique a été dès le début un acteur essentiel, est une expérience qui représente pour l'auteur une ébauche de " la fin de la Préhistoire".

  • "Mettre peu à peu derrière soi les haines accumulées, les querelles territoriales, les rivalités séculaires ; laisser les fils et les filles de ceux qui s'étaient entretués se tenir par la main et concevoir l'avenir ensemble ; se préoccuper d'organiser une vie commune, pour six nations, puis pour neuf, douze ou quinze, puis pour une trentaine ; transcender la diversité la diversité des cultures sans jamais l'abolir, pour que naisse un jour, à partir des nombreuses patries ethniques, une patrie éthique."

Ce paragraphe me parle d'autant plus après la visite cet été du mémorial de Caen, des plages du débarquement, des cimetières militaires américain et allemand...

L'enjeu de ce qui se négocie à Bruxelles, capitale de l'Europe, est essentiel. Il faut sortir de l'impasse par le haut et faire la preuve que l'union peut faire la force, dans le respect des différences.




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